Le pape François a fait de la lutte à l'islamophobie et du dialogue avec les musulmans l'une de ses priorités pastorales. Tout en dénonçant avec fermeté les attentats terroristes revendiqués par des groupes djihadistes, le pape n'a pas manqué de faire les nuances qui s'imposent entre lâislam authentique et la violence des fanatiques. En plus d'exhorter les catholiques à ouvrir leurs portes aux migrants moyen-orientaux (majoritairement musulmans) fuyant la guerre et la persécution. Au moment d'écrire ces lignes, le pape est sur le point de faire un voyage apostolique en Égypte, un pays qui vient d'être frappé par une vague d'attentats contre les chrétiens. Le pape profitera de ce séjour en Égypte pour poursuivre son dialogue avec les autorités de l'université Al-Azhar â l'un des piliers de l'islam sunnite â afin de mieux lutter contre les fanatiques religieux musulmans.
Cette question du dialogue entre le christianisme et lâislam est au cÅur des débats en cours au Québec depuis plus d'une décennie. Alors que certains voient dans l'islam une menace aux valeurs québécoises ou canadiennes, d'autres prônent plutôt le dialogue, le vivre-ensemble et le respect mutuel. Le livre d'Aziz Farès s'inscrit dans ces débats de fond. Intellectuel algérien ayant fui son pays au moment la guerre civile qui a ensanglanté sa patrie dans les années 1990, Aziz Farès vit au Québec depuis 1996. Auteur et communicateur, il anime l'émission Au coeur du monde sur les ondes de Radio VM.
Tirant son titre d'une parole (hadith) attribuée au Prophète Muhammad, le livre d'Aziz Farès entend à la fois lutter contre l'islamisme et contre l'islamophobie. D'abord en démystifiant les tenants et aboutissants de l'islam, à l'intention des lecteurs non-musulmans. Adepte d'un islam pacifique et éclairé, Farès dénonce aussi avec fermeté « lâhydre totalitaire islamiste », de même que « l'islam sanglant [des intégristes], souillé par les gestes agressifs dâindividus qui prétendent être les dépositaires de la parole coranique ».
« Intense et courageux » (Louis Cornellier, Le Devoir), quoique nuancé et prudent (Frédérique Bonenfant, La Montagne des dieux), L'encre des savants est plus sacrée que le sang des martyrs (Éditions XYZ) est un livre absolument nécessaire, à la lumière des débats acrimonieux sur la place et le rôle l'islam. Débats qui laissent trop de place à « la démagogie et [aux] réactions irrationnelles » â et pas assez aux « propos [pondérés] de Farès », ni d'ailleurs à « l'islam humaniste, tout en sagesse et en beauté » qui anime cet auteur. Un auteur, dit Frédérique Bonenfant, dont la « voix mérite dâêtre entendue ».
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