Des femmes dans le siècle, de culture et dâÉglise
La contribution de nos chères SÅurs de Saint-Paul à la société québécoise et à lâÉglise dâici mérite dâêtre soulignée. Elles nâont jamais été nombreuses, mais leur impact est inversement proportionnel à leur nombre. Câest à titre de femmes, à lâavant-garde de la révolution féministe quâa connu le Québec, quâelles auront marqué nos collectivités.
Des femmes dans le siècle
En se consacrant aux métiers de lâédition et de la communication, les sÅurs de Saint-Paul ont dû affronter les défis du pays concret, au même titre que dâautres joueurs sur lâéchiquier de lâéconomie culturelle. Elles savent la valeur de lâargent durement gagné. Elles savent ce que veut dire prendre des risques financiers dans lâéconomie réelle. À la différence de bien des congrégations religieuses qui ont dû développer des compétences dans la gestion financière, câest sur le terrain de la production de lâactivité marchande quâelles se sont situées. Comme tous leurs concitoyens, elles ont lâexpérience du risque, de lâincertitude du lendemain, de lâobligation de sa battre pour survivre. Et cela, elles lâont fait â et le font encore â au titre de leur mission, mais aussi comme femmes qui doivent faire leur preuve dans une société où rien ne leur est jamais acquis.
Dans le siècle, elles le sont aussi par le choix quâelles ont fait de développer un projet de librairie qui soit un vecteur dâanimation culturelle et sociale dans la ville. Cette contribution, dont lâimpact est mesurable, est remarquable et remarqué autant par les citoyens, les commerçants que les élus. Il y a là une forme de militance politique, au sens le plus noble du terme.
Des femmes de culture
Le Québec revient de loin en ce qui regarde lâalphabétisation et les pratiques de lecture. Rappelons quâen 1941, le taux de « diplomation » primaire était de 11 %. Câétait un peu mieux au début des années 50, quand nos sÅurs se sont établies au pays. En optant pour lâévangélisation par la médiation de lâécrit, elles se sont positionnées de facto comme leader dans la promotion de la lecture. On lâoublie souvent, tant la chose est évidente aujourdâhui. Elles ont, à leur façon, contribué avec les autres acteurs culturels émergents à lâépoque, contribué à faire du Québec un lieu où un peuple et sa culture ont pu se dire, sâécrire et être lus.
Femmes de culture, vous lâêtes aussi en vous rangeant résolument aujourdâhui avec celles et ceux qui, en ce pays, croient en lâavenir du livre, de sa création et de sa diffusion. On peut être fier de vous avoir vu et entendu sur toutes les tribunes pour vous porter à la défense des mesures de protection et de promotion de la production éditoriale nationale. Vous êtes reconnues comme des joueuses incontournables par les acteurs clés du milieu.
Des femmes dâÉglise
Dire que des sÅurs sont des femmes dâÉglise peut sembler dâune évidente banalité. Pourtant, il faut entendre lâacception dans son sens fort : des femmes fortes, témoins exemplaires de la vigueur de lâÉvangile, qui assument leur liberté de façon responsable. Il faut savoir le reconnaître et le saluer. Vous êtes un modèle et un signe dâespérance pour celles et ceux qui croient que la foi est un acte dâintelligence, qui mène au risque et à lâouverture à la culture, à la modernité, à lâinattendu.
Dans le monde de ce temps, vous donnez de la crédibilité au pari de croire.
Merci, chères femmes concitoyennes. Vous êtes sÅurs, en Église et en société.
Jean-François BOUCHARD
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